BOURGNON tour du monde

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Les jours se suivent et se ressemblent. Il commence à trépigner sévère alors pour s'en sortir le plus vite possible, il passe son temps à barrer finement, aux pennons, dès qu'il capte un peu de vent car dans la pétole, aucun pilote automatique ne rivalise avec nos capteurs sensoriels humain (les pennons sont des brins de laine fixés sur les voiles qui garantissent un réglage optimal, soit dans leur réglage, soit sur la façon de barrer).
Il m'a dit n'avoir jamais autant bu d'eau (sic) et cela commence à l'inquiéter un peu car il aura bientôt épuisé son stock d'eau pris au départ (sensé être pour plus de 8 jours). Il a voulu mettre à profit son temps libre pour produire avec son dessalinisateur de l'eau douce, mais le faire en journée lui coûte plus de sueur qu'il ne produit d'eau (il doit pomper 1h non-stop pour produire 3l d'eau). Il se réserve donc cette tâche le soir, la nuit ou le petit matin.
La mer est d'huile, le ciel exempt de nuages, les risées assez rares, pas un oiseau, pas un pêcheur, sa seule distraction fût une tortue qui le doubla allègrement avec un petit air narquois.
La dernière fois qu'il a croisé dans ces eaux, l'océan Indien à voulu l'envoyer au tapis. Voyant que cela n'a pas marché, il a changé de tactique. Neptune doit être Indien...

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Trouver le chas de l'aiguille ...
Sa problématique du jour: atterrir(*). Ivan est en train de traverser l'océan Indien, on pourrait alors penser qu'il est en "haute mer", mais sur un plan strictement "navigation", le passage au milieu des Maldives vient changer quelques peu la donne et il doit maintenant faire face à l'une des situations les plus complexes pour qui navigue "à l'ancienne": atterrir ou plus simplement: "retrouver la terre exactement là où elle doit être" ou encore " retrouver l'exactitude de sa position".
Il a choisi de naviguer à l'aide des outils les plus simples, dans la plus pure tradition, mais cela demande un énorme sens marin. L'avènement de l'outil satellitaire moderne à renvoyé cet exercice aux oubliettes et aujourd'hui la lecture de coordonnées sur un écran lève instantanément tout doute.
Bien qu'il se dit confiant dans son positionnement au sextant, facilité ces derniers jours par la visibilité exceptionnelle (pas de nuages), en ce moment nécessairement le doute est en train de monter parce qu'une erreur à toujours pu se glisser.
Je vais essayer de vous en présenter la logique:
il existe trois type de navigation assez distincts, spécialement lorsque l'on navigue sans GPS, instrument qui en aboli quelque peu les contours : Le pilotage, la côtière, le large (ou la haute mer si vous préférez).
Le pilotage se pratique tout au bord de la côte, à proximité immédiate des dangers qui peuvent prendre plusieurs formes: récifs, rochers, bancs de sable, falaise etc... mais en gros tout ce qui est du domaine terrestre, même si quelques fois il se cache juste sous la surface de l'eau.
La côtière se pratique à distance raisonnable des dangers, mais en ayant toujours en vue les côtes car c'est la matière même dont on se sert pour se repérer, tout comme en pilotage. Phares, balises, amers ne sont exploitables qui si on les voit et ne sont qu'au bord des côtes pour protéger les marins, pour servir de base de travail à leur positionnement sur une carte.
Le large est le plus simple à comprendre: on ne voit plus les côtes, on n'a plus aucun repère terrestre. Seul un astre (soleil, lune, planète visible à cette période, étoile) permet avec l'aide d'un sextant de positionner son bateau sur la carte. Pour autant, au large on ne trouve pas d'écueil, de récif, de rocher, en un mot: plus de risques d'échouage non voulu (on dit "échouement" dans notre jargon) et les dangers deviennent d'une autre nature: autonomie en eau, vivres, obligation de subir la météo sans pouvoir s'en abriter, risque de perte de navigation, impossibilité d'intervention rapide des secours en cas d'accident grave et j'en passe...
Autre notion nécessaire à la compréhension de l'atterrissage: le besoin de précision de son point. Au large, avec un sextant, un point précis à 5 ou 10 milles près (env. 10 à 20 km) est considéré comme excellent. A quoi cela sert-il au milieu d'un désert liquide de savoir que l'on est exactement là et pas 800 mètres plus à gauche?
A l'opposé, en pilotage, au milieu des dangers (un chenal, une passe d'entrée dans un lagon, un plateau rocheux à traverser ...) le besoin de précision devient alors d'une importance capitale et là il ne s'exprime plus en mille marin (équivalent à 1852 m) mais en centaines, voir en dizaines de mètres pour les endroits les plus chauds.
Ainsi se présente sa problématique du jour: venant du large, il a une position reportée sur sa carte qui n'est pas hyper précise (en dizaine de mille marin) mais il a pour obligation avant de s'engager au milieu de ce dédale d'îles et de récifs de valider la précision de sa position pour ne pas rentrer dans ces dangers à l'aveugle, sous peine de prendre le risque de s'échouer, de perdre son bateau et de risquer sa propre sécurité.
Il devra donc s'approcher suffisamment de la côte n'ayant qu'une position sur sa carte qu'il se doit de considérer comme n'étant pas à 100% sûre et fiable et une fois en vue de la côte trouver au plus tôt des repères fiables pour affiner sa position, lever ses doutes et incertitudes.
Et dans son cas, l'exercice est rendu encore plus difficile de part le niveau très faible d'élévation des côtes au dessus du niveau de la mer. Pour imager, il lui serait plus simple d'avoir face à lui une barrière de falaises pour y trouver des repères plutôt que des récifs dépassant à peine. C'est pourquoi il devra attendre le lever du jour avant de s'engager entre les iles qui ne dépassent guère de la surface de l'eau.
Les anciens marins élevaient la navigation au rang d'Art. Ils disaient également "la navigation, c'est la gestion de l'incertitude"...

(*) que les puristes me pardonnent "atterrer" où "faire son atterrage" serait le terme exact mais que voulez vous, le langage maritime, comme tous les autres, est lui aussi en constante évolution.

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Message par francois corsica »

Lors de notre vacation téléphonique, à 14h30 heure de Paris (18h30 heure des Maldives) il était rassuré dans sa navigation: il voyait l'atoll Kaashidhoo sur son bâbord avant. Voilà en un instant sa position hauturière confirmée. Le timing était tout juste car une heure plus tard il aurait été dans le noir, dans l'impossibilité de pouvoir recaler son estime. Il fera quand même un point d'étoile cette nuit et son prochain passage resserré entre deux atolls ne lui laissera que 5 milles pour passer, soit 9,2km. Ce qui parait très large vu de terre, ne l'est pas tant que cela sachant que du courant ou que 5° de cap trop d'un coté tout au long de la route pour s'y rendre et c'est l'accident sur le récif. Et comme il y passera de nuit, il ne pourra même pas se servir de ses Julbo polarisées (les lunettes polarisées permettent de mieux distinguer les changements de couleurs dû aux changements de fond, c'est très pratique pour distinguer les récifs coralliens).
Afin de rester manœuvrant pour pouvoir faire face à un brusque changement de cap et se dégager de la route d'un danger, il a remis son spi offert par Spinnaker One (l'un de ses partenaires) dans son sac après trois jours de bons et loyaux services pour ressortir son gennaker.
Coté vie à bord, il a pêché une petite bonite, son premier poisson depuis le départ et il commence à accumuler pas mal de déchets plastiques (des sacs, des filets ...) ayant profité de la petite vitesse de ses derniers jours pour les récupérer et les sortir de l'eau.
Enfin, sa relation conflictuelle ne s'améliore pas avec ses pilotes automatiques: une première panne l'a obligé à faire pas mal de recherches sur le circuit, mais ce n'était qu'un fusible. Une seconde panne l'a occupé bien plus longtemps. Ne trouvant rien, il s'est résolu à vider l'une de ses coques de son contenu et bien lui en a pris car il a ainsi trouvé une petite voie d'eau qu'il a aussitôt colmaté (un perçage mal étanchéifié). C'était en fait l'un des capteurs du pilote qui se montrait récalcitrant (capteur d'angle de barre), démonté, nettoyé, remonté il fonctionne maintenant.

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Le fun fût de retour, mais de courte durée...
12,3 nœuds, c'est le record de vitesse de la matinée pour Yvan qui retrouvait des sensations à la barre. Enfin le vent rentrait et il allongeait la foulée augmentant ainsi sa moyenne plutôt atone depuis le départ. En mer, la route la plus rapide n'est pas forcément la plus courte et pour garder un maximum de vent frais, il fait une route plein ouest rallongeant considérablement la distance le séparant de Djibouti. Entre deux maux, il a choisi le moindre...
Sur le plan navigation, les Maldives sont derrière lui ayant passé le goulet entre les îles cette nuit. Au portant (poussé par le vent) il a quand même dû tirer quelques bords de grand largue au milieu de ce dédale laissant quelques sueurs froide à son équipe à terre qui surveillait ce passage délicat (les bords de grands largue l'obligeant à faire une route en zigzag et à se diriger continuellement vers des dangers, plutôt qu'une route rectiligne passant entre ceux-ci).
La sortie des Maldives marque le premier tiers de cette étape Sri-lanka / Djibouti, pas tant en distance mais en rythme de navigation et maintenant il retrouve la haute-mer et la traversée proprement dite.


Mais la vie en mer peut basculer à tout moment et l'euphorie laisser place à l'inquiétude. Dans mon premier post j'évoquais ce nouveau couple qui doit apprendre à se connaitre. Tous les marins vous le diront, un bateau est un objet, un empilement de pièces mécaniques, mais qui prends vie, qui à une âme dès qu'il s'anime. Et aujourd'hui, sa Louloute2 (le nom du bateau) lui cause quelques soucis et pas des moindres. Dans cet empilement de pièces, certaines ont bien plus d'importance que d'autres, voir sont vitales pour préserver l'intégrité du bateau et la sécurité du marin. Et dans le top 5 des pièces les plus importantes on trouve les poutres. Or depuis ce matin, l'une d'elle se comporte bizarrement: elle vibre. Certains pourraient y voir un aspect poétique, que le bateau chante, mais il n'en est rien car cette pièce est en carbone. Et quand le carbone vibre, il y a matière à inquiétude. Pour être sûr de sa solidité, elle a été passée à la radio lors de sa fabrication ceci afin de déceler au sein même de la matière la moindre imperfection, et rien n'a été relevé.
Il est en contact avec son équipe responsable de la fabrication de cette pièce et des investigations sont actuellement en cours, mais d'ores et déjà il lève le pied et réduit sa vitesse. Les allures (angles sous lequel le bateau reçoit le vent) faisant travailler le moins possible la poutre sont également privilégiées, car si la poutre cède, c'est tout le bateau qui se disloque, rien de moins.

Son capteur d'angle de barre dont je parlais hier à finalement rendu l'âme, mais dans la hiérarchie de ses priorités, c'est le moindre de ses souci.

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Pourvu que ça tienne" c'est en substance son état d'esprit. La poutre fait de plus en plus de bruit et produit maintenant des " vibrations et des petits chocs" (sic) ce qui lui laisse à penser que la pièce de bois interne participant à la reprise des efforts est en train de "se faire la malle". Outre l'épée de Damoclès qui se tient au dessus de lui, le bruit est très fort car non seulement le carbone propage très bien le son, mais les caissons étanches des coques l'amplifient à la façon d'une caisse de guitare. Pragmatique, il se fait une raison mais cela devient de plus en plus gênant à tel point qu'il n'en a pas dormi de la nuit. Ne pas trop allonger la route, soulager le bateau si le vent monte et surtout garder une amure (l'angle sous lequel le bateau reçoit le vent) sous laquelle la poutre force moins. Il ne peut rien faire de plus.
Sinon il souffre toujours autant de la chaleur bien que le vent la lui fasse supporter un peu mieux. Il pompe 1h sur son dessalinisateur chaque nuit mais cela ne suffit pas à produire sa consommation d'eau journalière, il se rationne donc un peu, d'autant que le dessalinisateur, fortement sollicité ces dernier jours montre quelques signes de fatigue... il lui faudra le démonter sous peu afin d'estimer l'ampleur des problèmes potentiels... Un peu de pluie serait la bienvenue, si certains d'entre vous savent danser ...
Contre les méfaits du soleil, il s'enduit de crème solaire trois fois par jour et lui qui pensait avoir pris large coté stock, il le voit descendre à vue d'œil. Par contre, il se félicite de son choix concernant les vêtement techniques blancs de son partenaire AKAMMAK qui le protège du soleil sans le faire souffrir de la chaleur.
Coté pilote auto, le capteur du principal ayant rendu l'âme, il est passé sur l'un de ses pilotes de secours, rescapé du naufrage de sa louloute1, qui a repris vaillamment du service. Afin de préserver ses safrans (partie immergée du gouvernail) en cas de choc avec un OFNI (objet flottant non identifié) il navigue désormais avec le safran au vent relevé, réduisant ainsi les risques de casse.
Pas de pêcheur, pas de cargo ... pas de pirates, il se tient à l'écart de toute les routes maritimes.

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Message par francois corsica »

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Nouveau bateau, nouvelles galères...
Je souhaiterais rebondir sur l'un des commentaires d'un internaute sur le précédent post: Eric, tu as entièrement raison, la reprise est laborieuse, mais ni-plus ni-moins qu'à son premier départ. Et sur les précédentes étapes, il n'y avait que peu de gens pour relayer l'info de ce que vivait Yvan en mer.
Yvan repart avec un bateau totalement neuf, et c'est une donnée primordiale dans le travail du marin. Un bateau neuf n'est jamais à 100% fiable, et plus encore quand il s'agit d'un prototype léger, rapide, conçu et pensé pour un programme précis et ambitieux. Un peu à l'image des mini-transat (petits monocoques de 6,50m prévus pour la course au large) avec lesquels il a gagné quelques courses, le principe est le suivant: on met le bateau en situation, on lui "tire dessus" plus ou moins fort, ce qui doit casser casse, et on remplace par l'échantillonnage au dessus. La seule loterie est le degré d'importance des pièces qui cèderont. D'ailleurs, céder est un terme un peu fort, car bien souvent, une pièce montre des signes de faiblesses avant la rupture. Et c'est là qu'intervient l'expérience du marin: savoir déceler, évaluer et s'adapter au problème technique rencontré. C'est ce que fait Yvan, ceux qui suivent sa trace sur son site web l'auront remarqué: il a levé le pied pour ménager sa monture et une fois arrivé à l'étape, ce sera découpe, stratification, réparation, en un mot: fiabilisation.
Ils sont, sa "louloute" et lui, dans un processus somme toute tout à fait normal.
Et hormis le bateau en lui même, nombre de matériels embarqués ne sont pas toujours prévu pour une utilisation aussi intense, c'est aussi là que se situe le volet "aventure" de ce défi: servir de laboratoire et repousser les limites du bateau, du bonhomme mais également du matériel. Du tube de crème solaire (Uriage) au dessalinisateur, des bouts (cordages Cousin) au pilote automatique, en passant par l'accastillage (Karver-systems) ou même ses batteries (Caen-batteries) nombre de ses partenaires attendent de sa part un retour technique pour eux aussi fiabiliser et optimiser encore et toujours leur matériel.
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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Peu de nouveauté pour Yvan qui a l'impression de s'être perdu dans le désert: pas d'oiseaux, pas de mammifères marins, pas de poisson, ni volant, ni au bout de sa ligne, pas un nuage, un soleil de plomb et même pas d'ombre sur son bateau à cause de l'orientation de sa route. Et bien sûr, pas de pluie. Les jours deviennent pénibles et il attends chaque fois avec impatience l'arrivée de la nuit salvatrice. Mais l'homme s'habitue à tout et petit à petit ses besoins en eau diminuent: de cinq litres journaliers il n'a besoin maintenant que de trois litres.
Et même phénomène que lors de son premier départ, sa masse musculaire sur les jambes fond très vite du fait du peu de sollicitation de ces muscles.
Coté bateau, le vent tombe doucement et sa moyenne diminue, mais au moins cela soulage sa poutre avant et son pilote de secours. A part quelques déboires classiques d'une manille de fixation de l'écoute de grand-voile qui s'est dévissée et s'est débinée à l'eau, rien de bien marquant, il continue sa route à un train de sénateur.
Observation positive, la mer est nettement moins polluée de macro-déchets au centre de l'océan Indien qu'au large des Maldives ...

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Message par francois corsica »

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3 avril, 23:16 · .


La vacation audio du jour sur "www.en-avant-toute.ch"
http://www.en-avant-toute.ch/…/journal- ... 15-04-03.h
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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

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Les pi, les pipi, les pirates ...
Notre irréductible Baulois(*) le savait bien, à un moment donné il allait devoir faire face à cette menace. S'il ne faut pas en sous-estimer le risque, il ne faut pas non plus tomber dans l'exagération. A l'heure actuelle, le risque piraterie est très bien cerné par les spécialistes que sont les militaires de la force EUnavfor en poste aux Emirats Arabes Unis. Cette coalition internationale est en charge de la sécurisation de la zone par le biais d'un corridor étroitement surveillé. Tout navire marchand et non marchand, tant qu'il est équipé d'un minimum d'équipement de communication et de suivis, et tant qu'il se conforme aux dispositions mise en place par les militaires, à droit à cette protection. Yvan sur son (tout) petit bateau est équipé pour le large et il répond à leurs critères avec sa balise de positionnement, son émetteur AIS (système anticollision entre navires) et son téléphone satellite. Seul petit aménagement, il disposera d'une petite bande de navigation légèrement à l'écart afin de ne pas devenir une gêne pour les pétroliers, porte-containers et autres chimiquiers qui filent à 20 nœuds pour aller livrer leur marchandises au plus vite.
Et accessoirement pour éviter de se faire couper en deux aussi...
Une procédure en étroite relation avec les militaires avait été mise en œuvre dés le départ afin qu'ils gardent un œil sur Yvan via sa balise de positionnement, au même titre que vous pouvez suivre sa position sur son site web. Mais "prudence est mère de sureté" et il ne faut pas tenter le Diable. Il a donc été décidé de couper momentanément l'accès à sa position pour le grand public car il est trop facile de diriger un navire sur lui en étant piloté depuis la terre. Seuls les militaires et les membres de son équipe à terre continueront d'avoir accès à sa position et nous resterons en contact avec lui pour vous tenir informé de ce qu'il vit en mer au travers de ses vacations audio ou de mes écrits. Passé Djibouti, vous pourrez retrouver les accès à sa position sur le site d'Yvan "le defidyvanbourgnon.com" ou sur celui de son partenaire, "en-avant-toute.ch".
Dans mon bulletin d'aujourd'hui, je voulais mettre en avant les éléments de la mission Atalanta. Il faut rendre hommage à ces militaires qui assurent la sécurité sur la zone et leur présence a sensiblement fait reculer les attaques de Pirates dans cette région. Les chiffres parlent pour eux: entre 2009 et 2011 ils ont enregistré annuellement entre 163 et 176 attaques. En 2012 il y eu 35 attaques ; en 2013 plus que 7 et l'année dernière seulement 2 (source EU naval force Somalia - Opération Atalanta).
Messieurs, respect.
En attendant, vous pouvez aller visiter la page ou le site de la force Atalanta, ils ont aussi besoin de votre soutien.
https://www.facebook.com/eunavalforce
http://eunavfor.eu/
(*) Oui, je l'avoue, j'ai pris quelques libertés avec la vérité "pour la formule". Il n'a jamais habité à la Baule même, mais dans la localité voisine de St-Brévin-les-pins où il a passé une partie de son enfance... méa culpa, que César me pardonne...
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Re: BOURGNON tour du monde

Message par kiki2a »

Il rentre dans une zone difficile. En esperant que le vent soit de la partie pour l aider à vite la franchir
L'essentiel est de se faire plaisir à chaque navigation et non de se comparer aux autres....bonne nav. et bon vent à tous.

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Message par francois corsica »

5 avril


Hormis l'épisode expliquant sa démarche vis-à-vis de la piraterie locale et de la façon d'aborder la zone, il reste que je l'ai eu en vacation aujourd'hui. Et c'était pas la grande forme! Pour la troisième fois au cours de ce tour du monde, il a attrapé une insolation. 39°7 de fièvre, un abattement général et un manque cruel de vent lui ont rendu cette journée particulièrement pénible. Sans compter qu'il lui a fallu se réhydrater plus que d'habitude, alors qu'il s'impose le rationnement de son eau ...
38 à 40° à l'ombre la journée, 30 à 32° la nuit ... caniculaire.
Il arrive à trouver un peu de fraicheur en puisant de l'eau sous 4m de profondeur et en s'imbibant un linge sur la tête ... mais c'est à double tranchant car après quelques minutes il se forme une croute de sel particulièrement désagréable sur la peau.


Le vent est intermittent et il lui arrive de disparaitre totalement laissant le bateau à l'abandon, voiles pendantes. Il ne s'agit même plus de chasser les risées mais d'attendre 10, 20 voir 30 minutes avant qu'il ne daigne revenir.
Première frayeur lié à son retour dans des eaux plus fréquentées, un cargo rattrapant l'a surpris alors qu'il n'était qu'à 500/800 m de lui, heureusement sans route de collision et en plein jour. Mais rien n'indique qu'il ait vu le catamaran... et avec une telle pétole, cela devient un peu plus dangereux car sans vitesse, aucune manœuvre d'évitement n'est possible pour Yvan.
Il a bien une pagaie à bord, mais l'instrument est un peu dérisoire pour échapper à un monstre d'acier...

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

Certains jours sont plus riches en événements. En ce dimanche Pascal, Neptune a voulu marquer le coup et il lui a envoyé quelques émissaires: alors qu'il a encore 38° de fièvre et se traite avec un antipyrétique bien connu (pas de marque, ce n'est pas l'un de ses partenaires), il profitait d'un de ses longs moments sans le moindre souffle de vent pour dormir un peu sur l'un de ses bancs. Réveil brutal avec le bateau littéralement soulevé et lui éjecté sur la plateforme: une baleine est passée sous le bateau ... et a accroché la dérive sous le vent ! Heureusement pas de dégât apparent sur le puits et pas de voie d'eau, juste une grosse frayeur, une manivelle de winch et de la nourriture à l'eau.
La dérive s'est quand même coincée et il a dû batailler un peu pour la dégager. Réticent à l'idée de se mettre à l'eau pour aller voir de plus près car il n'est pas en forme et il n'a pas suffisamment d'eau douce pour se rincer afin d'éviter le calvaire du sel au soleil, bien lui en a pris, car dans la demi-heure qui a suivi c'est un gros requin pélagique qui est venu lui rendre une visite. Aucune agressivité, mais une grande curiosité pour ce radeau flottant, il est resté à tourner autour durant un bon quart d'heure, très proche, presque à toucher les coques... Yvan à pu filmer cette rencontre et nous aurons les images à son arrivée à Djibouti.
Les messages de Neptune sont tout de même difficiles à décrypter...

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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

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La vacation audio en ce lundi de pâques sur "www.en-avant-toute.ch"
http://www.en-avant-toute.ch/…/journal- ... 15-04-06.h
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Re: BOURGNON tour du monde

Message par francois corsica »

La mer est le domaine de la relativité, car elle est toute en nuances. Une situation pénible comportera toujours quelques bons cotés qui viendront "arrondir les angles" et un tout petit changement sera vécu comme une grande avancée. Ces derniers jours ont particulièrement affecté Yvan: soleil de plomb conduisant à une insolation diminuant le marin, pas un brin de vent et des provisions d'eau en berne. Voilà pour le coté sombre. Mais à l'opposé, une faune très présente, des nuits douces et surtout très claires. L'absence de nuages est une aubaine la nuit en période de pleine lune car on y voit alors comme en plein jour. Et comme passé de l'autre coté du miroir, c'est la nuit qu'enfin Yvan revit, bricole, chante, contemple les étoiles. En ce moment, son moment de bonheur c'est le levé de la lune, environ 2h après que le soleil ne se soit couché, promesse d'une nuit magique.
Coté petits changements, fini la fièvre, la forme est revenue. Il a pu pomper plus d'eau douce cette nuit et essaye de ne plus croquer dans ses 10 derniers litres de réserve, mais de ne consommer que ce qu'il produit. Un bateau militaire à été aperçu au loin, sans qu'il n'y ait eu prise de contact. Enfin, le vent rentre un peu depuis cette nuit et Yvan retrouve des vitesses de 2 à 4 nœuds. C'est certes très faible pour un tel catamaran, mais plus que tout cela le rafraîchit! Sans compter qu'il avance et se dégage de sa zone, promesse de retrouver du vent frais ce qui est très bénéfique sur le moral. D'ailleurs, les prémisses d'un changement de temps, si subtil soit-il, ne lui ont pas échappé et son baromètre lui parle enfin. Après tout, ce "changement" n'a que quatre jours de retard ... Eole avait posé un RTT cumulé avec le Lundi férié...
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Re: BOURGNON tour du monde

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Les nouvelles fraîches d'Yvan, en audio, en quasi direct sur http://www.en-avant-toute.ch/page/journ ... 04-08.html
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