BOURGNON tour du monde

[francois corsica]

La vacation audio du jour:

http://www.en-avant-toute.ch/page/journ ... 06-03.html
http://www.en-avant-toute.ch/…/journal- ... 15-06-03.h…
enregistrée par son partenaire "en-avant-toute.ch"

[francois corsica]

Les jalons marquant son retour s'additionnent au fur et à mesure de sa progression. Dans l'océan Indien il est repassé dans l'hémisphère nord. En débarquant à Djibouti il remettait le pied sur le continent Africain, voilà qu'aujourd'hui il franchit le méridien de Greenwich. Des milliers de gens le franchissent tous les jours dans un sens comme dans l'autre sans même s'en apercevoir, mais pour un marin cela à une incidence. Tous ses positionnements, ses calculs astronomiques changent aujourd'hui avec pour seul signe tangible un O (ouest) à la place du E (est) à la fin de la valeur de sa longitude sur la carte... mine de rien, il traine ce petit E depuis ... Fidji !
C'est l'accumulation de ces "petits riens" qui donnent un parfum de retour au bercail ...
Le prochain jalon aura lieu certainement ce dimanche: son retour dans l'océan Atlantique, mais le suivant sera sans nul doute le plus important de tous: il recroisera bientôt son sillage, et ça, ce sera la marque indéniable de la réalisation de la circumnavigation : le tour complet de la planète, c'est pour très bientôt !!!
En attendant, sa progression actuelle se fait toujours au portant et cela lui permet d'allonger la foulée: la journée d'hier totalise 184 milles parcourus (340 km) ! c'est un record car depuis le Sri-Lanka, les distances journalières ne dépassaient que rarement les 100 milles. A part quelques nuages et une boite de dérivation qui a faillit prendre feu à cause d'un court-circuit, tout va bien pour lui ... pourvu que cela dure.

[francois corsica]

Hier encore Yvan pensait s'affranchir facilement de la Méditerranée, que le passage de Gibraltar ne serait qu'une formalité avec ce vent portant bien établi. Mais en début de nuit, le vent a disparu d'un coup. En une dizaine de minutes il est passé de 12 à 5 nœuds et une demie heure après il oscillait: un coup venant de droite, un coup venant de gauche ...
Bon, des épisodes de pétole il en a connu plein, il sait bien qu'il ne peut qu'en prendre son parti. Le problème, c'est le trafic autour de lui: le détroit de Gibraltar est encore l'un de ces points de passage les plus fréquentés de la planète. Sans vent, il se retrouve exactement comme en mer Rouge: à leur merci. Et cela n'a pas loupé: malgré l'AIS en marche (système indiquant avec certitude sa présence sur les écrans radar des autres navires), malgré un feux flash-light illuminant la Grand-voile, malgré ses appels sur la VHF, pour la troisième fois depuis Djibouti, un cargo l'a presque percuté, sans même s'en préoccuper. Essayant d'échapper au chauffard des mers déhalé par son spi à une micro vitesse inférieure à 0.5 nœuds , il s'est tout d'abord fait sortir par la vague d'étrave, mais tout de suite après le catamaran s'est fait aspirer à la fois par la dépression de l'eau sur les cotés mais également par l'aspiration du vent que crée le monstre en se déplaçant à 15 nœuds. Prêt à déborder l'aile du bateau à l'aide d'un pare-battage ridicule au regard de la muraille d'acier, Yvan a du larguer en grand la drisse* de spi pour l'affaler et limiter l'aspiration. Le spi, plus tenu, s'est collé sur le cargo qui défilait à 1m de la louloutte et il s'y est déchiré en lambeaux, preuve qu'ils étaient vraiment très proches l'un de l'autre.
Le voilà amputé de 50m² de toile légère particulièrement utile dans les touts petits airs.
Lui qui pensait revenir dans l'Atlantique pour cet après-midi il devra attendre la nuit prochaine pour passer cette porte.
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(*) la drisse est le nom des cordages (boutes) qui hissent les voiles, quelles qu'elles soient, en haut du mât.

[francois corsica]

C'est en pleine nuit, à 3h06 qu'Yvan franchit la longitude de Tarifa marquant la séparation entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique, au point le plus méridional de la péninsule Ibérique. Le détroit, anciennement appelé "les colonnes d'Hercule" en référence aux deux montagnes abruptes qui le borde, se passe avec la marée. En se présentant en fin de journée, Yvan a bien vu que le courant lui était contraire. Il lui a juste fallu s'arrêter au pied de Gibraltar (ville) pour y trouver un couple de navigateurs Français qui ont fait le point avec lui sur les horaires de passage devant un petit verre de vin dans leur cockpit...
Pour Autant, le passage ne s'est pas fait dans la sérénité. Après un check du bateau au mouillage (surtout les safrans), quatre heures après il repartait avec 14 nœuds de vent, un ciel plombé de nuages et une nuit noire. Mais la "Grande Bleue" ne voulait pas le laisser partir sans marquer le coup: une fois engagé dans le détroit, c'est 35 nœuds établis, 45 sous les rafales qui l'attendait. Deux chavirages ont faillit se produire quand les safrans se sont relevés en touchant des déchets. 3 ris seul avec l'ancre flottante à l'eau puis au final à sec de toile* il avançait encore entre 6 et 7 nœuds. Avec la balise de détresse et le téléphone satellite en bandoulière, c'est en mode "survie" qu'il s'est fait expulser de Méditerranée. Passé Tarifa, il a tout de suite cherché à s'abriter sous le vent de la côte en direction de Cadiz, mais là encore les rafales à 40 nœuds étaient légions. Et pour couronner le tout, des orages menaçaient de leurs éclairs du coté du Maroc ... une nuit stressante...
22jours de navigation lui auront été nécessaire pour franchir la Méditerranée d'est en ouest.
Le voilà maintenant de retour sur l'océan Atlantique, un pas de géant vers la réalisation complète du tour du monde par les tropiques. Encore 200 milles plein ouest et le bateau recoupe sa trace. Le décompte commence ...
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(*) "3 ris seul" représente la surface minimum de voile que le catamaran peut porter. L'ancre flottante est un artifice que l'on jette à l'eau qui ralenti le bateau et limite les risques de chavirage. "A sec de toile" consiste à avancer sans aucune voile, ne vent ne s'appuyant que sur les structures du bateau.

[francois corsica]

Et de sept! Septième tempête du tour du monde avec plus de 50 nœuds de vent (100km/h)
Au petit matin, les conditions de la nuit dernière étaient un peu retombées, bien qu'il y ait toujours 30 à 35 nœuds de vent établis avec des rafales. Au cours de la matinée ce sont formés ceux que l'on surnomment les "rois des nuages": de gros cumulonimbus reconnaissables à leur forme d'enclume et occupant tout l'espace vertical de la troposphère. Ce n'est jamais bon signe de les voir, tant pour les marins que pour les aviateurs: vents violents, fortes averses, orages, grêle, etc..., font partie du lot.
Vers 10h, le vent est monté de deux crans, tout comme la tension à bord. 50, 55noeuds, peut-être 60 au plus fort des rafales. L'ayant vu venir, Yvan a pu anticiper, se mettre à sec de toile et immerger la grosse ancre flottante, mode survie². Pour vous donner un aperçu, dans ces vents là, on ne peut que lui tourner le dos. La mer s'aplatit d'un coup, toute la surface de l'eau s'arrache avec le vent et elle devient blanche d'écume. Sans lunettes de ski ou masque de plongée il est illusoire d'espérer de regarder du coté du vent, l'eau se déplace à l'horizontale. Toute partie exposée comme le visage ou les mains deviennent douloureux, cinglée par un mélange d'eau de pluie et de mer mélangées. "Faire le dos rond" est l'expression qui convient le mieux, au propre comme au figuré, à Yvan sur sa coquille de noix ouverte à tous les éléments.
Aujourd'hui, il ne pense pas à avancer, mais à rester à l'endroit. Entre la nuit et la matinée c'est cinq chavirages qu'il a réussi à éviter.
Dans sa "survie active", il remercie sa bonne étoile: il a de l'eau à courir devant lui, c'est à dire qu'il n'y a pas de côte sur laquelle le vent pourrait le drosser. Une chance ...

[kiki2a]

Ca y est , une etape de plus de franchi!
A lui la derniere ligne droite et un incroyable defi sera realise!!!
C est deja enorme ce qu il a fait.
Chapeau !!!

[francois corsica]

La vacation audio. Yvan revient sur sa collision avec le cargo, sur le passage de Gibraltar et sur la tempête orageuse d'hier...


http://www.en-avant-toute.ch/page/journ ... 06-08.html

[francois corsica]

Une grosse étape à été franchie durant la nuit dernière: Yvan a recoupé le sillage qu'il avait tracé en octobre 2013. Sur un plan purement géographique, il signe là une boucle autour du monde.
Mais le défi qu'il s'est lancé est encore loin d'être terminé car cette boucle n'a de sens que s'il rentre à terre. Dorénavant, il est vraiment sur la route du retour, et toute la ville de Ouistreham Riva-Bella l'attend avec impatience pour le fêter comme il se doit.
Pourtant il faut rester prudent, tout peut encore arriver. Pour preuve, le mauvais temps qui l'a accueilli pour son retour dans l'Atlantique. Et les endroits "piégeux" qu'il devra encore franchir ne manquent pas : le cap Finistère, le golfe de Gascogne, la mer d'Iroise, la manche ouest, le raz Blanchard, le raz de Barfleur ... des endroits qui peuvent se montrer peu tendres avec un petit catamaran de 6m tout léger...
Aujourd'hui il fait une route directe dans des petits airs stables. A part un "temps de Breton" au crachin épais, il ne rencontre aucune difficulté pour progresser. Mais la journée d'hier son spi lui a fait défaut, aussi profite t-il de passer devant Cascais, un port connu pour abriter de nombreux régatiers, pour confier le spi à une voilerie. Le stop ne devrait pas durer bien longtemps...

photo ©Nathalie Colloud

[francois corsica]

Beaucoup demandent légitimement quelle est la date de son arrivée ... il donne quelques pistes dans la vacation audio postée hier. Pour l'instant il la situe dans une fourchette entre le 18 et le 25 juin ... on affinera bien sûr au fur et à mesure de sa progression.
L'avantage de ces escales, même techniques et si courtes soient-elles, c'est que l'on a des images...

[francois corsica]

Yvan est reparti en fin d'après midi. Je rappelle que l'on peut suivre sa progression en temps réel sur cette page: http://ledefidyvanbourgnon.com/suivi-en-temps-reel/.
D'ici une dizaine de jours environ, il devrait pouvoir serrer ses enfants dans ses bras et nous raconter ses aventures de loup de mer, une bière à la main...
En attendant, voici encore un peu d'images de sa louloute et lui...

[francois corsica]

En fin de matinée, Yvan passait le cap Finistère. C'est un endroit redouté des marins car les vents et la mer peuvent y être localement particulièrement forts. Pour Yvan, à part quelques grains où le vent est monté à 25 nœuds, cela c'est plutôt bien passé. Pourtant la journée d'hier a été assez désagréable: de la pluie, de la pluie et encore de la pluie. Le taux très élevé d'humidité dans l'air combiné avec le vent refroidi très vite l'organisme et les deux repas chauds ont été ses seuls moments de réconforts.
Coté navigation, impossibilité de faire un point astronomique à cause de la couverture nuageuse. Si cela ne lui servait à rien tant qu'il avait la côte à sa droite, maintenant qu'il s'élance dans le golfe de Gascogne il n'aura plus la côte comme repère et il devra se situer à l'aide du sextant dès qu'une trouée nuageuse le lui permettra.
Sur le plan matériel, il joue de malchance. Alors qu'il s'est arrêté une trentaine d'heures juste pour faire réparer son spi, il a explosé après cinq minutes d'utilisation ... Pourtant la voilerie est une franchise renommée, le maitre-voilier était compétant ...
Bon, depuis quelques heures il navigue au prés, remontant contre des vents moyens autour de 10 nœuds, le spi est donc remisé dans son sac, mais il enrage tout de même d'avoir perdu du temps à faire une escale ... pour rien!

[francois corsica]

Les deux coques de la Louloutte ont été adoptées ! Lorsque l'on navigue, se faire accompagner par une troupe de dauphins est une chose courante. Ils viennent souvent jouer à l'étrave des bateaux, profitant des différences de pression de l'eau à cet endroit. Ce qui l'est beaucoup moins c'est d'être accompagné durant plus de 48 heures par le même groupe! Yvan en est certain car l'un d'entre eux, blessé sur le flanc, porte des marques très caractéristiques. C'est donc une quinzaine d'individus qui ont pris la Louloutte et son drôle de passager sous leur nageoire et ils veillent sur ces deux là de jour comme de nuit. De temps en temps ils s'éclipsent, jamais plus d'une demie heure, certainement pour se trouver un maquereau à se mettre sous la dent, mais ils reviennent toujours.
Cette compagnie le réconforte un peu, car sinon il trouve le temps long, gris et froid ... La couverture nuageuse assez dense le prive d'un peu de chaleur mais plus embêtant encore, d'énergie! Le plus gros consommateur électrique est son pilote automatique alimenté par des batteries, qui elles, sont rechargées par le solaire. Pas de soleil depuis maintenant trois jours, plus d'énergie et au final de longues heures de barre.
Et à la barre, c'est du près, du près, encore et toujours du près.
De toute façon, pour le peu d'électronique présent à bord, c'est la bérézina. Le capteur d'angle de barre du pilote auto est à changer, le pilote de secours ayant perdu son compas, il se dérègle en permanence l'obligeant à le re-régler toutes les dix minutes et à compenser constamment à l'aide de la télécommande. Pas très pratique quand il se fait à manger, quand il calcule son estime sur la carte (la couverture nuageuse l'empêche de faire un point astro) ou même alors qu'il fait sa vacation audio au téléphone ... quant à se reposer, cela lui est simplement impossible. Soit il barre, soit il a le doigt sur la télécommande mais pas trop longtemps pour gérer le peu d'énergie restant dans les batteries, soit il doit quasiment arrêter le bateau pour prendre dix minutes de repos ...
Et pour sa part, l'AIS (anti-collision) s'est mis en défaut sans en indiquer la raison...
Aujourd'hui, il vient de franchir la limite des 500 milles de distance lui restant à parcourir jusqu'à Ouistreham Riva-Bella. 500 milles (930 km) en ligne droite, mais avec les vents contraires qu'il rencontre actuellement, cela augmente la distance de facilement 30%, voire plus. Pour l'instant, il estime son arrivée sous 6 à 8 jours, soit entre le 21 et le 25 juin. A vos agendas...

[francois corsica]

Encore un pas de plus... ce matin, Yvan a franchi la latitude des Sables d'Olonne, son lieu de départ.

Aujourd'hui deux vacations audio: celle de lundi et celle de ce matin. Yvan revient sur l'aventure qui s'achève, sur les divers matériels qui lâchent et sur son escorte de dauphins...
http://www.en-avant-toute.ch/…/journal- ... 15-06-15.h…
http://www.en-avant-toute.ch/…/journal- ... 15-06-17.h…


propos recueillis par son partenaire "en-avant-toute.ch"

[kiki2a]

La fin s approche à grand pas!!!
Allez courahe encore quelques jours à tenir et le calvaire sera termine avec toutes ces peripeties qui lui arrivent encore...

[francois corsica]

C'est officiel, Yvan arrivera le 23 juin au matin, à Ouistreham Riva-Bella. Il devrait arriver dans la matinée et patienter un peu dans le chenal car les horaires de marée font qu'il ne pourra pas rentrer sa "louloutte" dans l'écluse avant 12h. Ce sera la fin d'un périple commencé en octobre 2013 aux Sables d'Olonne. En 220 jours de mer Yvan aura parcouru 55 000 km autour du globe, traversant trois océans et 13 mers. Il aura effectué une vingtaine d'étapes, durant lesquelles la petite taille de son catamaran à souvent attisé la curiosité, ce qui lui a permis de faire de jolies rencontres d'inconnus venant spontanément proposer leur aide à ce navigateur pas comme les autres, sur un bateau pas comme les autres... Sortir le plus possible des infrastructures toutes organisées pour les plaisanciers de passage, et mettre le plus possible en œuvre la devise de son voyage: un catamaran, une plage, une rencontre...
Mais "ne ferlons pas la Grand-voile avant que la chaine ne soit tendue" (version maritime de la peau de l'ours non tué) car Yvan est encore en mer! Tant que la ligne n'est pas franchie, tout peu arriver. Il a facilement traversé ce matin la mer d'Iroise: le raz de Sein tout d'abord un peu contre le courant, et ensuite le redoutable chenal du Four, passant entre les archipels de Molène et d'Ouessant d'une part et la pointe du Finistère. La mer d'Iroise sépare l'océan Atlantique de la Manche, dont elle tire les caractéristiques: les eaux vives. La Manche à son entrée ne mesure "que" 100 milles (180km) de large, à l'échelle de la planète, c'est un petit cours d'eau... dont la largeur va progressivement se réduire pour ne mesurer plus que 60 milles entre Cherbourg et l'ile de Wight.
Avec la très faible profondeur moyenne (moins de 100m en plein milieu) et la forme particulière du Cotentin, tout cela rend le lieu très singulier pour les navigateurs: à certains points, on y enregistre les plus forts courants d'Europe avec plus de 12 nœuds enregistrés en pointe. On y recense également le troisième lieu des marées les plus fortes au monde... des conditions de navigation très particulières qui jouent beaucoup sur l'état de la mer, mais aussi sur les routes de navigation. C'est le lieu où tous les bateaux, du plus petit au plus gros, "marchent en crabe" (quand le plus fort du courant est en travers de la route)
Et pour ne rien arranger, c'est également l'un des lieux présentant le plus fort trafic maritime mondial...
Du côté d'Yvan, les problèmes techniques s'accumulent. Plus aucun pilote ne fonctionne, l'AIS non plus et l'un de ses safrans a encore rompu son axe l'obligeant à le changer en mer ... c'était le dernier de son stock... il faut maintenant que cela tienne jusqu'au bout!